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Il n'y en a pas !

Il n’y en a pas !

 

Syracuse. Juillet 2017.

Je fais une belle balade dans la cité grecque de la Trinacria. J’ai trouvé sur mon chemin quelques paradoxes bien représentatifs de la Sicile.

Il y a eu, assis sur un banc, ces quelques vieux au regard si dur que tu les crois inaccessibles… Mais quand tu oses échanger trois mots avec eux, ils te mangent dans la main avec une gentillesse non feinte. Je pense à ce flic qui, au feu tricolore, faisait la leçon aux deux gosses qui traversaient sans prendre garde aux voitures… Devant cet ado sur son scooter arrêté au rouge sans casque sur la tête. Et également à ce guide qui vantait devant les touristes ébahis, la beauté de la culture sicilienne unique en son genre… Sur une île qui a subi les dominations grecques, normandes, arabes et j’en passe ! Et, cela va sans dire, tout se fait le plus naturellement du monde. Cherchez l’erreur !

Et celle-là, elle n’est pas mal non plus ! Je me retrouve devant quelques traits au sol et un « P » sur fond bleu qui improvisent un parking, dans cette région où le code de la route n’est qu’une vue de l’esprit pour la plupart. Mais ce n’est pas ça qui m’interpelle… Je pose mon cadre, le sourire aux lèvres. Sous le « P », une précision rappelle que cet endroit est réservé aux motos et, bien évidemment… C’est une automobile qui y est garée ! Cela dit, de là où je suis, je ne vois que deux roues !!! Cherchez l’erreur… Non, ne vous tracassez pas, nous sommes en Sicile, il n’y en a pas ! Je shoote !



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Et le 2361 prend vie !

Et le 2361 prend vie !

 

Venise. Août 2016.

Le quartier juif de la Sérénissime est magnifique. Et désert aussi en cette belle matinée ensoleillée. Qu’est ce que ça fait du bien après les nombreux bains de foule de ces derniers jours !

Je suis devant le 2361. Pourquoi ? Parce que mon oeil est attiré, envouté même, par cette ombre de lumière née du reflet du soleil qui pénètre les grilles sombres placées juste derrière moi. J’aime ces courbes qui me rappelle celles, Ô combien érotiques, du galbe d’une femme. 

C’est bien beau tout ça mais une fois mon cadre posé, il ne se passe rien. Le 2361 semble mort. Joli, mais mort… J’entends un passant arriver. Clic ! Sa rigidité cadavérique qui caractérise sa démarche n'évoque en rien la cambre charnelle et exaltante de l’amante imaginée quelques instants plus tôt… Je ne prends même pas la peine de regarder mon écran LCD pour voir le résultat !

Je passerai bien mon chemin mais je me sens si apaisé que je suis prêt à attendre encore un peu pour profiter du moment… Et j’ai bien fait ! Deux nanas arrivent... Le pas léger de l’une d’elles fait danser ses formes sur le pavé vénitien. D’un dédain qui amplifie sa naturelle sensualité, elle déambule devant moi sans même me porter un regard, laissant comme seul souvenir les effluves d’un doux parfum sucré…

Mais le plus excitant, le plus beau aussi, m’apparaît quand sa cape tachetée de noir virevolte pour faire écho aux courbures du reflet sur la porte ! Ce n’est pas une coïncidence, c’est juste magnifique. C’est juste un ange qui passe… Et le 2361 prend vie ! Je shoote !



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Ben si justement !

Ben si justement !

 

Murano. Août 2016.

Arrivé de bonne heure à Murano, la plus grande des îles de la lagune de Venise, je me demande si cet endroit me donnera autant de plaisir que la Sérénissime.

Ce qui est étonnant après les premières enjambées dans les rues désertes à cette heure de la journée, c’est cette différence d’architecture avec sa grande soeur, différence qui saute aux yeux ! Et pour cause, les maisons sont ici très colorées et peignent ainsi le lieu d’un arc en ciel lui donnant l'allure d'un conte pour enfants.

Du coup, quand j’arrive dans ce quartier fait de façades blanches et de murs de briques, j’ai l’impression que ma journée est subitement devenue terne. Comme si je venais de quitter un monde enchanté, comme si l’ennui venait subitement d’accaparer mon corps, comme si plus rien aujourd'hui ne pouvait me surprendre… 

Mais c’est sans compter sur ces rencontres improbables faites de petits riens qui souvent égayent mon quotidien ! A quelques mètres de moi, quelqu'un est assis sur le pas de sa porte faisant barrage à qui voudrait entrer chez lui. Mais ce n’est pas ses manières de Cerbère qui attire mon regard, c’est sa jambe qui dépasse. Enfin, pour être plus précis, c’est l’énorme ombre sur le sol qui ne correspond en rien à la forme de son panard mais qui ressemble plus à celle d’une lampe à huile, d’une chope de bière ou… Oui, oui, je sais, je m’amuse d’un rien et j’entends déjà tout le monde me dire : « Mais t’es con ou quoi ? Tu vois bien que cette ombre ce n’est pas le pied !!! »… Ben si justement ! Et c’est bien pour ça que… Je shoote !



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Cette photo que je n’ai pas faite

Cette photo que je n’ai pas faite

 

Catane. Juillet 2017.

Etrange… Très étrange… Pas qu’il fasse beau et chaud, nous sommes en Sicile en plein mois de juillet. Non, c'est ce panneau qui m’intrigue.

« Area pedonale » (1)… Jusque là, je comprends que la rue est si étroite qu’il semble difficile à une voiture de s’y aventurer. Même si ici, tout est possible… 

Mais, en dessous, le dessin signalétique qui accompagne l’entrée de cette ruelle est un petit bonhomme qui marche, et ce schéma est... barré !

Serait-ce la première zone piétonne du monde où les piétons n’ont pas le droit de circuler ? Enfin à pied je veux dire. Il est fort possible que si ces mêmes piétons se déplacent à cet endroit en vélo ou en scooter, ils ne seront pas verbalisés par les carabinieri (2).

Il n’y a pas âme qui vive : je pose mon cadre pour faire une image de cet espace piéton interdit... aux piétons. J’affine les réglages de mon appareil. Ma composition aussi. Et je… Houlala ! Je vois au loin des gens qui arrivent ! Oui, mais ce ne sont forcément que de simples personnes qui se promènent, pas des piétons…

Que faire ? Le temps d’une réflexion trop longue, un autre gars se pointe. Il n’a pas vu la signalisation, évidemment ! Ou alors, ce n’est pas un… Peu importe, il faut agir vite… Mais sans se presser ! Dans ce casse-tête sémantique, je décide de ne pas faire cette photo et… Je shoote !

 

(1): zone piétonne

(2): gendarmes 



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Albert - part one

Albert - part one

 

Venise. Août 2016.

C'est du délire ! Du grand n’importe quoi !!! Je suis devant ce par-terre de mosaïques qui sert de panneau d’indication et, va savoir pourquoi, je ne lis pas « Auberge Santa Lucia* » mais « Albert va à Santa Lucia » (« Alber go (to) Santa Lucia ») !

Mais qui est donc cet « Albert » qui jouit d’une telle réputation dans la Sérénissime que même ces faits et gestes sont gravés dans le sol ? Non, arrête ton délire fantasmagorique, ça va mal tourner, tu vas te raconter des fables sans queue ni tête et partir loin, trop loin…

Je vais tout de même poser mon cadre dans cette superbe venelle magnifiée par la lumière et attendre. Attendre qui ? Ben, le fameux Albert… Il va forcément passer par là pour se rendre à… Santa Lucia ! J’ai hâte de le rencontrer car je me demande à quoi il ressemble.

Je l’imagine bedonnant, les cheveux grisonnant et un tant soit peu nonchalant. Pourquoi ? Je n’en sais rien à vrai dire, mais j’ai la sensation de ne pas me tromper ! Si je suis patient, l’histoire nous le dira ! Par contre, elle ne me dit pas à ce moment là que cet Albert fera l’objet d’une recherche sans fin à travers Venise les jours à venir, ni qu’il sera la Chimère de mon séjour ici au point de faire de lui une mini série photographique…

Une fille passe devant l’objectif et piétine les quelques mots inscrits sur le pavé. Non, ce n’est pas mon Albert, c'est sûr. Puis, c'est au tour d’un groupe de touristes de faire de même. Mais Albert est un solitaire, il n’est toujours pas là. J’espère que je ne l’ai pas raté…

Ho putain, le voilà ! Je suis sûr que c'est lui ! Un pressentiment. Albert est joueur. Imprévisible aussi. Le genre de type toujours là où on ne l’attend pas. Je le vois au bout de la ruelle. Nonchalant et bedonnant, certes, mais sa chevelure n’a pas souffert de la raréfaction de mélanine que je supputais, mais plutôt d’une chute prématurée pour son jeune âge. Je note aussi qu’Albert met des tee-shirt blancs.

Ma plus grosse erreur n’est pas là. Allant à contresens des préconisations GPS de la flèche noire, il se dirige vers moi comme pour me dire « tu t’es bien planté Bonhomme ! ». Et oui, Albert ne se rend pas à Santa Lucia… Il en revient ! C’est bien, tu as gagné le premier round mais ce n’est pas terminé. Je te guetterai dans Venise à chaque coin de rue et en attendant… Je shoote !

 

*ALBERGO S. LUCIA



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Que demander de plus ?

Que demander de plus ?

 

Zafferana Etnea. Juillet 2017.

Assis à la terrasse d’un café au pied de l’Etna, je savoure l’expresso que la serveuse a posé devant moi, le soleil sicilien et la douceur de cette matinée. Que demander de plus ?

Plus loin, des enfants jouent sur la place avec un gros caillou qui leur sert de ballon de foot. Les vieux assis sur les bancs ne font pas attention à eux. Ils sont occupés à débattre de la voisine qui s’est remariée trop tôt après la mort de son défunt mari, de la défaite improbable de Palerme face à Catane, ou encore du terrible affront fait à la cuisine traditionnelle… Guido a osé modifier la recette originale des arancini pour mieux flatter le palais des touristes… Impensable ! Je suis tellement bien ! Que demander de plus ?

A ma gauche, une voix rauque et grave attire mon regard. Minchia ! Un vieil homme - un très vieil homme - assis dans une chaise roulante, parle avec ce que je suppose être son fils. Devant lui, un ristretto est posé à côté d’une granite alla mandorla et d’une brioche qui a déjà fait l’objet de plusieurs attaques gustatives. Mais il a au moins 80 balais ! Veinard ! Que demander de plus ?

Il tire épisodiquement sur sa cigarette laissant le peu de fumée qu’il laisse s’échapper embrumer ses lunettes de soleil. C'est juste magnifique ! Pas les volutes qui dansent autour de ses verres fumés. Juste le simple fait qu’il soit encore de ce monde à profiter des plaisirs simples et interdits de la vie… Je cadre… Je l’envie aussi…

Je me fais tout un monde de ce que je serai l’année prochaine et lui, il est là, comme s’il avait 20 ans… Comme s’il finissait une soirée bien arrosée avec un pote, autour d’une glace en guise d’after ensoleillé, avant d’aller se coucher. Que demander de plus ? En ce qui me concerne : un fauteuil, quelques rides et une clope à un âge que j’ai peine à concevoir… Mais avant, bien-sûr, je shoote !



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La matrice

La matrice

 

New-York. Avril 2015.

Le soleil est au rendez-vous dans Harlem et la lumière magnifie cette matinée ! Je découvre ce quartier et je l’adore déjà !

Après la cohue de l’oppressant Time Square, c’est comme une bouffée d’air qui purifie mon cerveau encombré d’artifices et d’un trop plein de gens. Si j’osais, Harlem est un peu un week-end à la campagne après une semaine de boulot à plein régime.

Je sens un certain équilibre entre la présence (discrète) de l’Homme, et les volumes urbains qui prennent une place mesurée tout en structurant le secteur et donnant à l’espace des allures géométriques presque rigides. Harlem me semble être fait de cubes bien rangés sur des rues quadrillées à l’américaine mais dans lesquels les habitants viennent apporter une touche de fun de par leur naturelle décontraction et leur indolence provocante et désirée. Je me sens bien ici car je perçois l’espoir que nous autres, êtres humains, pouvons encore bouger l’ordre des choses, que nous sommes encore capables de sortir du cadre que nous nous sommes imposés.

Posté sur cette grande avenue, je retrouve bien la rigueur de cette architecture. Les immeubles ne sont que parallélépipèdes parfaitement alignés, divisés par des fenêtres rectangulaires quasi identiques. Ainsi se forment les îlots donnant naissance aux croisements des rues toutes perpendiculaires les unes aux autres. C'est d’autant plus impressionnant que je vois, dans mon viseur, nombre de lignes directrices qui viennent renforcer l’ordonnancement mathématique de cette composition : la tige métallique qui sert de support au feu tricolore aérien, les épais traits blancs qui délimitent le passage piéton et même les nuages dans le ciel qui essaient de former une droite à l’infini ! C’est beau et… Flippant à la fois ! L’impression d’être dans une matrice mais pas sur Terre !

Fort heureusement, cet arbre qui me fait face joue les rebelles en penchant de manière ostentatoire comme pour initier un début de chaos. Intéressant, mais pas suffisant. Et il y a ce gars et son gamin qui s’apprêtent à traverser. Et ça tombe bien. C'est Nous qui avons créé cette agencement trop parfait, c'est à Nous de le rendre plus vivant. Ils sont trop loin sur mon image. Je croise les doigts pour qu’ils aient le temps de venir jusqu'à moi car ça vient de passer au vert…

C'est mal barré, ils arrivent touuuuuut doucement mais une voiture approche. Ils vont être obligés de s’arrêter… Mais c'est sans compter sur la nonchalante détermination des deux mecs qui continuent d’avancer. Un coup d’oeil vers la bagnole, elle ralentit et finit par s’arrêter. Les deux bonhommes passent. Ils ont gagné, ils ont pris le dessus sur la matrice ! Je shoote !



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Celles des autres

Celles des autres

 

Venise. Août 2016.

Après une journée à crapahuter sous le soleil de la Sérénissime, je m’offre une balade vespérale dans le quartier du Rialto.

Il est tard. Les bars et restaurants se préparent pour la fermeture. Les uns refusent les clients venus boire un dernier Spritz pendant que d’autres s’adonnent au rituel quotidien du nettoyage de la terrasse. Cette coutume bien connue des commerces de bouche qui ont la chance d’avoir un espace à l’extérieur m’a toujours intrigué.

Après avoir passé un coup d'éponge sur les restes de boissons, les serveurs débutent la fascinante transhumance du mobilier vers l’intérieur du négoce. On assiste alors à un défilé de tables et de chaises qui se suivent sur le chemin qu’elles connaissent bien pour l’emprunter chaque soir…

Et c’est ce qu’il se passe au coin de la rue dans laquelle je m’apprête à entrer. Je m’arrête pour observer et prendre quelques photos. Une fois le travail terminé, un gars, qui doit être le patron, sort avec une paille de riz et demande à son employé de finir le boulot. C'est bon, rien d’intéressant, je passe mon chemin…

Quoique… Le ton monte entre les deux hommes :

-Pourquoi c’est à moi de le faire ? Enzo, lui, n’a pas fait grand chose ce soir !

-C’est à toi que je demande. Et avant de t’occuper d’Enzo, commence par faire ce que tu dois faire. Compris ?

Après quelques échanges houleux, le serveur finit par céder. « Ho capito, ho capito !* ». Le boss retourne à ses occupations et le garçon de café qui a récupéré le balai… S’enfonce dans la rue sans même faire une halte sur la terrasse !

Je le suis discrètement. Il bougonne. Il parle même tout seul ! Ce mec est dingue ! Ça m’amuse mais surtout, je veux savoir où il va. Peut-être qu’après avoir vendu comme un malpropre son collègue Enzo, il part à sa recherche pour lui en coller une ! Une cinquantaine de mètres plus loin, il s’arrête devant une porte protégée par une grille… Et, comme à son habitude, plutôt que de balayer devant sa porte, il commence par celles des autres ! Je shoote !

 

*J’ai compris, j’ai compris !



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Le parloir

Le parloir

 

New-York. Avril 2015.

Madison Avenue, devant le 590. L’IBM building est vraiment impressionnant. Comme beaucoup d’autres dans la Big Apple ! C'est vrai, mais dans mon esprit étriqué, il n’incarne pas seulement le gigantisme américain, mais aussi celui de notre évolution vers le numérique à foison… et de ses travers ! Bon, je ne vais quand même pas cracher sur la modernité… Alors que j’ai pu organiser ce séjour à New-York depuis chez moi via internet et dans les rues de Paris sur mon smartphone !

Passant là par hasard, mon oeil est attiré par la structure métallique rouge placée devant l’entrée. J’ai un sentiment assez paradoxal. Je trouve la sculpture à la fois aérée et oppressante, avec ces lames agressives qui pointent vers le ciel. On dirait une sorte de cocon, une prison faite d’air et protégée du milieu extérieur… Au lieu d’aller plus loin dans mes interprétations délirantes, je vais jouer mon touriste et ramener ce souvenir dans mes bagages. Je pose mon cadre et attends que la photo prenne vie…

Une femme arrive plus loin sur ma droite. C'est parfait, elle me servira d’échelle au moment où elle entrera dans l’image. Mais elle tarde à venir… Tête baissée, absorbée par son téléphone, elle fait quelques pas, s’arrête, puis reprend sa marche pour faire une halte de nouveau… Grrrrr ! C'est interminable ! Mais après tout, je ne suis pas pressé. Je patiente…

Et ça paye ! Je finis par l'avoir dans mon viseur. Clic ! Premier déclenchement. Elle continue son chemin pour se stopper entre deux des barreaux de la bulle. Clac ! Ça ira, je vais continuer ma promen…

Haaaa ! Une autre dame fait son apparition. Toute aussi occupée sur son écran que sa copine. Même façon de se déplacer, par saccades ; même isolement… Alors qu’elle se trouve dans l’une des mégalopoles les plus peuplées de la planète. Et elle aussi finit sa route dans la cellule d’air. Intéressant !

Je me déplace un peu pour changer mon point de vue. J’ai du temps, elles ne soupçonnent pas mon existence… Ni celle du Monde d’ailleurs ! Je les vois dans mon viseur, proches l’une de l’autre, presque face à face. Séparées par un mur invisible, on dirait qu’elles s’échangent des messages par SMS, comme si elles n’avaient pas le droit de faire autrement… Mais je sais pourquoi. Condamnées à perpétuité à rester dans ce monde virtuel, les seuls moments d’échanges dans ce centre pénitentiaire se font… Au parloir ! Je shoote !



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Entre les doigts

Entre les doigts

 

Syracuse. Juillet 2017.

Leur regard capable en une fraction de seconde de nous charmer à jamais ou nous rejeter pour toujours, le son de leur voix qui rassure, leur démarche parfois évocatrice qui éveille tous nos sens, cette force d’être les seules à pouvoir porter la vie, le combat tenace, et à mon goût trop pacifique, qu’elles mènent contre la suprématie patriarcale…

Et parmi toutes ces petites ou grandes choses que j’adore chez les filles, il y a aussi cette énigme encore jamais résolue par l’Homme, cette particularité propre à la gente féminine, celle que nous, pauvres hères masculins, n’aurons jamais la chance d’avoir en notre possession : la culotte qui nous rentre dans les fesses !

Et ça ne sert à rien de se battre pour essayer de l’obtenir, la culotte DLF, c’est son petit nom, est un attribut génétique. Oui, la DLF est à la femme ce que l’érection matinale est à l’homme ! Je vois déjà les regards inquisiteurs de celles et ceux qui pensent que ces quelques mots ne sont que moquerie et ironie de ma part. Et bien non, je m’inscris en faux ! Les proches qui me connaissent bien vous confirmeront que je suis assez dingue pour aimer vraiment, et qui plus est respecter, cette originalité qui distingue les minettes de nous autres. 

Mais attention !!! La culotte DLF ne trouve son intérêt et son charme que si, une fois le tissu irrémédiablement attiré dans les contrées obscures, sa propriétaire vient à son secours de ses mains habiles et délicates. Et le geste s’acquiert dès le plus jeune âge pour atteindre la perfection au dernier souffle.

Bien-sûr, plusieurs stratégies sont mises en oeuvre. Il y a celles qui, timides, se mettent à l’abri des regards qu’elles trouvent trop indiscrets pour cet acte intime et personnel. D’autres qui, toutes aussi rougissantes mais ne pouvant plus résister à la tentation, le font avec rapidité au risque de partager avec qui n’y est pas invité. Et puis celles qui, sans complexe, acceptent de nous en faire profiter ouvertement comme pour nous rappeler que la nature leur a fait cadeau, à elles et à elles seulement, de ce don pour nous inaccessible.

Cette jeune femme en blanc à Syracuse fait partie de cette dernière catégorie. Je la suis l’oeil dans le viseur. Comme elle a fort à faire pour parfaire l’extraction tant attendue, j’ai le temps de m’approcher discrètement, de cadrer et avant même de voir mon bonheur me glisser entre les doigts, je shoote !



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Encore un pigeon qui veut mourir d’amour !

Encore un pigeon qui veut mourir d’amour !

 

Syracuse. Juillet 2017.

Après une balade dans la cité grecque du sud-est de la Sicile, je continue de flâner sur le chemin en hauteur qui longe le bord de mer de l’île d’Ortigia.

Il fait beau, il fait chaud et je croise nombre de couples se tenant par la main pour profiter de cette belle journée aux allures de romance à l’Italienne. Mais visiblement, tous ne volent pas dans le ciel sans nuage que l’amour peut offrir aux plus chanceux…

Un jeune damoiseau semble avoir le coeur brisé, certainement meurtri par une passion inassouvie ! Ou qui, d’après lui, a trouvé sa fin trop vite, je ne sais pas. Après avoir tagué sur le muret qui surplombe la falaise « PERCHE TI AMO * », il y monte et ne cesse d’y faire des allées et venues, les mains dans le dos en posture de profonde réflexion. J’ai comme l’impression qu’il va faire une connerie !

Profiteur que je suis, je décide de m’approcher avec mon appareil photo pour immortaliser ce fait divers qui s’annonce plutôt que de venir à son aide. Je sais, ce n’est pas bien… Mais c'est trop tentant ! Et puis de toute façon, je trouve ça tellement stupide de sa part que je n’ai aucune envie de l’en empêcher !

Ça y est, il s’est arrêté. Il fixe l’horizon d’un regard que j’imagine mélancolique et désespéré. Je crois qu’il va aller au bout de sa bêtise… Il va se jeter pour finir sa vie, écrasé sur les rochers qui lui seront fatals !

Et moi, froid et sans coeur, je me demande juste si sa Belle l’a abandonné à la faveur d’un amant plus à son goût ou si l’espoir et l’exaltation des premiers jours ont eu tout simplement raison de leur idylle…

Finalement, j’ai mauvaise conscience… Je vais intervenir. Lui faire part de mon expérience de la vie. Je vais lui expliquer qu’il n’y a que les pigeons qui veulent mourir d’amour de nos jours, qu’il y a un choix plus judicieux à faire, celui de vivre d’amour ! Mais avant de jouer les sauveurs d’âmes esseulées, je shoote !

 

* Traduction : PARCE QUE JE T’AIME



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Céphalophorie sicilienne

Céphalophorie sicilienne

 

Syracuse. Juillet 2017.

Le soleil accablant de ce milieu de journée ne m'empêche pas de continuer ma balade dans la merveilleuse ville de Syracuse. Avec cette chaleur, je ne croise pas grand monde, pour ne pas dire personne… Rien… Le vide… LE NEANT ! L'étrange sensation que l'île a été désertée…

Jusqu'à ce que je croise ce gars qui parle tout seul au milieu de la rue… Ou plus exactement, qui s'adresse à un mur ! Ça n'a ni queue ni tête et c'est une très bonne raison pour discrètement faire la photo de ce doux dingue...

Qui ne l'est pas tant que ça à vrai dire… Je m'aperçois à quelques mètres de lui qu'il échange avec je ne sais qui à l’intérieur de la maison qui donne sur les pavés. Les apparences sont parfois trompeuses. Et c'est bien dommage ! Je voyais déjà ma drôle d'image en plan large, lui et ses grands gestes dans un monologue enflammé d'où il sortirait vainqueur d'un débat houleux avec lui-même ! Je peux remballer appareil photo et fantasmes pour passer mon chemin…

Et merde, en plus il vient de me repérer ! Grrrrrr ! Il décide de s'approcher du palier pour continuer sa conversation, sacrifiant ainsi le peu d'espoir qu'il me restait de déclencher… Mais c'est sans compter sur les signes sacrés réservés aux plus chanceux ! Il finit par poser son épaule contre la porte et le miracle que je n'attendais plus tombe du ciel : sa tête vient de se détacher de son tronc : disparue ! Comme par enchantement !

Elle ne doit pas être bien loin car j'entends encore sa voix. Il la tient probablement dans ses mains ! 

Finalement, ils ont tout ici : la mer, la montagne, la bonne bouffe, les belles églises et ils se payent même le luxe d'avoir leur propre Saint Denis et autre Saint Jean Baptiste ! Je suis aux anges, c'est l'extase, c'est l'euphorie, que dis-je, c’est la céphalophorie sicilienne ! Je shoote !



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Une ombre au tableau

Une ombre au tableau

 

Aci Castello. Août 2017.

Sicile en fin d’après-midi. Après une balade photographique dans les rues rendues désertes par la chaleur accablante, je décide de m’installer en terrasse pour me rafraîchir.

Devant mon Chinotto - boisson locale aux allures de « coca du pauvre » mais que je trouve tellement meilleure - je suis attiré par la jolie lumière et les ombres marquées sur le mur devant moi. Mais il y a autre chose…

Je soigne ma composition et j’attends… Un groupe de personnes passe, je déclenche et… Bof !… Trop de monde à mon goût. Au point de masquer le petit truc qui a attiré mon attention… Ce petit truc qui fait de la Sicile, la Sicile. Une de ces nombreuses bizarreries qui doivent n’amuser que moi ! Je décide de patienter encore. Et j’ai bien fait !

Quelques minutes plus tard, j’entends quelqu'un qui arrive sur ma gauche. Un petit coup d’oeil pour savoir à qui j'ai à faire. Parfait ! Elle est seule et je ne reproduirai pas la même erreur que tout à l’heure !

Elle approche, projetant en premier lieu sa silhouette, ce qui est encore mieux : je vois « FORZA CATANIA » (1), posé à côté du panneau indiquant que nous sommes dans la « VIA SAVOIA » (2), alors que, seule ombre au tableau, nous sommes dans la petite ville d’Aci Castello ! Je shoote !

(1): Allez Catane !

(2): Rue de savoie



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C'est un peu l'Italie...

C'est un peu l'Italie…

 

Syracuse. Août 2017.

Ha ! L'isola d'Ortigia ! Quelle magnifique balade dans la cité grecque du sud-est de de la Sicile ! J'en prends plein les yeux allant de venelles au caractère pittoresque où les marques de l'homme moderne apparaissent çà et là, aux rencontres les plus inattendues.

Et c'est le cas de cette dame aux traits marqués par le temps. Assise là, devant chez elle, elle surveille, la clope au bec, les allées et venues des badauds intrigués par ce personnage haut en couleur. Le regard insistant, parfois dur, elle les dévisage sans complexe, d'une manière que je crois volontairement dérangeante. Sans un mot, à la sicilienne, elle marque son territoire… Et ça m'amuse !

A quelques mètres de ce Cerbère, je fais une première image, ni vu, ni connu. C'est que je suis un photographe discret, moi... Tu parles, je flippe oui ! J'imagine les représailles si elle me chope en train de la mitrailler ! Allez, un peu d'audace et de courage, je décide de jouer franc-jeu. Après tout, une partie du sang qui coule dans mes veines est originaire d'ici. Et mise à part un coup de louche à minestrone, je ne risque pas grand-chose !

Je passe devant elle, lentement, en plongeant mes yeux dans les siens. Le duel façon western spaghetti commence… Le barbu chauve déguisé en touriste versus la mamma coiffée en pétard dans sa robe à fleurs… Ni elle ni moi ne voulons céder, baisser la tête. Je trouve ça vraiment drôle mais je ne veux pas rire, surtout pas… C'est difficile. Très difficile !

En continuant mon chemin, je suis obligé de me retourner pour ne pas perdre ce face à face. Ce faisant, je m'arme de mon appareil photo que je porte à l'œil. Aucune réaction de sa part. C'est une dure à cuire celle-là ! Je vise tranquillement… Compose… Quand soudain j'aperçois, accroché sur le mur derrière elle, un sac décoré du piaf jaune des cartoons qui ont bercé mon enfance. Là c'est trop pour moi ! La chanson de Renaud, sans gêne, s'invite dans mon crâne… «♩♪ ♫ C'est tout petit chez la mère à Titi, ♬ c'est un peu l’Italie… ♫♩". Je décroche complètement. Je souris, elle gagne mais… Je shoote !



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Et l'amour dans tout ça ?

Et l'amour dans tout ça ?

 

Catane. Août 2017.

"L'Homme a-t-il besoin d'art ?". Silence dans la classe… Le prof vient d'ouvrir la séance sur un thème très classique, et quelque peu sempiternel même. Je sors de mon habituelle léthargie pendant cet enseignement espérant une discussion intéressante dans cette classe de matheux. Le petit blond du 2ème rang lance les hostilités : "On va finir de bonne heure ! Je n'ai jamais mis les pieds dans un musée, il n'y a pas UN tableau chez moi et je n'ai jamais touché un pinceau. Et pourtant, je suis encore de ce monde ! Je n'ai pas besoin d'art mais juste de respirer, dormir, manger et boire pour vivre. Fin de la démonstration !". Silence de nouveau… Mais cette fois, avec nombre de sourires fleurissant sur les visages de nos camarades. Quand soudain… "Connard ! Ton approche, en plus d'être stupide, est incomplète et simpliste. Qui te parle de besoin vital ? Pourquoi limiter la notion d'art à la peinture et aux musées ? C'est vrai, tu n'as pas besoin d'art, tu as besoin d'un cerveau !"…

C'était il y a plus de 30 ans. C'était la première fois que je réagissais en cours de philo à l'intervention d'un de mes copains et ce,  d'une manière tout aussi puérile que lui. Et c'est en tombant devant cette vitrine par une belle soirée d'été que je revis ce flash black de mes années lycée ! Ce "all we need is art" m'amuse, me rend presque nostalgique et me rappelle avec quelle ferveur nous avons tous défendu notre point de vue ce jour-là. Et il y a ce « LOVE" - dégoulinant de peinture - ajouté là comme pour ouvrir le débat. Il m'intrigue, m'interroge même… Mais c'est un autre sujet tout aussi complexe sur lequel je ne me sens pas de réfléchir maintenant. Et pourtant…

Je cadre et me vois de nouveau assis à mon pupitre, défendant de mes arguments creux la notion de "besoin d'art". On peut dire que l’art n’est qu'un commerce de plus né de nos sociétés modernes. Ha oui ? Et les hommes préhistoriques alors ? Je ne suis pas sûr que les auteurs des peintures de Lascaux voulaient s’enrichir…Certes, l'art n'a peut-être aucune utilité pour garder l'être humain que nous sommes en vie, faire fonctionner nos organes, nous alimenter en oxygène… Cependant, si j'osais… Moi, il fait battre mon cœur ! Et puis rester en vie n'est pas vivre, survivre tout au plus...

L'art est finalement un moyen d'expression. Suscitant admiration ou dégoût, joie ou tristesse, rires ou larmes, apaisement ou colère. Il crée des liens magiques et invisibles entre le créateur d'une œuvre et celles et ceux qui la découvrent, l'interprètent, se l'approprient ou la rejettent. Superflu l'art ? Pfffff ! Une nécessité spirituelle oui ! Nous avons tous besoin d'art, il nous distingue des animaux, nous rend juste un peu plus humain. L'art n'est qu'émotions à bien y réfléchir, la Vie quoi !

"LOVE"… Je l'avais oublié celui-là… Oui, et l'amour dans tout ça ? Ben c'est pareil non ?... Je shoote !



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Mais où sont passés les deux autres ?

Mais où sont les deux autres ?

 

Venise. Août 2016.

L’Italie est pleine de surprises et Venise n’échappe pas à la règle. En balade dans la Sérénissime, je reste émerveillé par la beauté de la cité.

Les venelles, les canaux et j’en passe. Je me prends à rêver en pleine journée, à partir loin, très loin… Si loin que j'ai failli passer à côté du scoop de l’année ! Je n’en crois mes yeux ! Juste avant de prendre l’un des innombrables petits ponts de pierre au charme pittoresque, je tombe sur eux !

Ils se tiennent là… L’air de rien… À discuter de la pluie qui n’est pas et du beau temps qui nous transporte. Je ne suis pas le seul à les avoir remarqués. Mais ils ne donnent pas l’impression d’en être affectés plus que ça. Certains prennent leur courage à deux mains pour venir échanger quelques paroles avec ces vedettes qui semblent inaccessibles. Normal me dis-je, ils sont encore aujourd'hui très recherchés.

Moi, je vais me contenter de faire une photo. Pas facile car, malgré leur apparente placidité, ils jettent un oeil à droite, à gauche, surveillant les moindres faits et gestes des personnes qui s’approchent, de ceux qui les épient aussi.

Comme je veux un cadrage pas trop large, je dois m’approcher… Alors, j'y vais tout doucement. Je n’ai pas peur mais...il y a quand même un risque. Au moins celui d’être repéré. Je compose… Ce n’est pas mal. Il n’y a plus qu’à attendre le bon moment…

Et une question me taraude… J’imagine que ceux qui les ont vus se sont posés la même. Je vois Av… Haha !!! Celui sans chapeau tourne la tête par ici, parfait ! Mais je n’ai toujours pas de réponse. Je vois Averell, je vois Jack, mais où sont passé Joe et William ? En attendant de les trouver... Je shoote !



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Happé

Happé

 

Londres. Novembre 2016.

Un ciel chargé sur lequel se détache ce drôle de building. Loin devant, un gars avec une valise "à l’ancienne", et ces trois personnages qui le suivent. Mais surtout, il y a ce coup de vent qui soulève leurs impers… Hôôô, pas beaucoup… Mais suffisamment pour donner à cette scène un peu de mouvement, un chouïa de dynamisme en plus…

Je ne sais pas pourquoi, mais depuis mon arrivée dans la capitale britannique, je suis fasciné par l'annonce de la sortie prochaine du film « Les animaux fantastiques ». Je suis devant l’une d’elle dans le couloir du métro londonien à poireauter.

Oui. J’attends que cet homme qui était dans la rame avec moi veuille bien s’approcher. Un gars très élégant, un costume sombre très ajusté, un manteau en laine et un visage émacié avec ce petit quelque chose dans les yeux… Il n’est pas beau comme un cliché de magazine mais il a un certain charme que je ne saurai expliquer… Peu importe, j'ai décidé de le prendre en photo mais je me suis raté dans le wagon. En sortant, je l’ai suivi puis dépassé pour le guetter plus loin et prendre le temps de poser mon cadre.

Mais évidemment, avec la chance que j’ai, il s’est arrêté pour discuter avec un copain qu’il vient de rencontrer par hasard : 3000 personnes dans ce couloir, et ce mec croise un de ses amis ! Et ça papote, et ça rigole… Bon ce n’est pas grave, comme je suis face à mon affiche fétiche, je m’y évade quelques secondes… Puis de nouveau un petit regard sur mon gentlem… 

Bordel de merde ! Mais où est-il passé ?! Je scrute les horizons... Grrrrr ! J'ai, à mon avis, peu d'espoir de le retrouver au milieu de toute cette foule… Décidément, ce n'est pas mon jour… Ou pas ! Je viens de le retrouver. Il se dirige par ici. Je mets l'œil dans le viseur et cette fois, je ne le quitte plus. 

Il approche. Clic ! loupé, j'ai déclenché au moment où quelqu'un passait devant… Clac ! Pareil, j'ai fait la même… Et c'est maintenant trop tard pour l'avoir de face. Je change d'idée et décide de le suivre en travelling, comme au cinéma. Et on s'y croirait ! Il passe d'abord impassible devant le tennisman… Puis devant le mec avec la valise "à l'ancienne" et là, la magie du grand écran opère : j'ai l'impression qu'il accélère le pas malgré lui, certainement happé par le coup de vent de l'affiche, et ce qui est sûr, happé par mon imagination. Alors avant qu'il n'en sorte à jamais, je shoote !



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Je vais peut-être m'arrêter là...

Je vais peut-être m’arrêter là…

 

Sicile. Juillet 2017.

Aïe aïe aïe ce qu’elle est froide ! Gelée devrais-je dire ! Une chape de plomb au dessus de ma tête et les pieds dans le freezer. La Sicile est décidément faite de paradoxes. Ce chaud-froid procure une drôle de sensation… Mais qui en vaut la peine !

Je suis dans l’Alcantara, une rivière qui a creusé son lit dans les coulées de lave de l’Etna. C'est magnifique ! Mais je le mérite bien ! Levé à 6h00, café, douche, départ à 07h00 les yeux encore dans la brume, pour une arrivée prévue à 9h00 à l’ouverture du site.

Enfin l’ouverture… C'est une façon de parler… Il y a en effet deux possibilités d’accéder en bas depuis la falaise qui surplombe les eaux claires : l’une payante pour les touristes, l’autre gratuite pour les autochtones, ceux qui sont dans le secret et tous les autres qui ont un smartphone avec internet… Mais beaucoup de gens sortent le portefeuille ! Quand je parlais de paradoxes…

Arrivé en bas, je constate que les quelques plages naturelles qui bordent l’Alcantara sont désertes. Tout le monde est là pour le clou du spectacle : la petite randonnée à travers le canyon de lave pour accéder aux petites cascades bien mignonettes. Je décide d’entamer la balade…

Quand un coup de sifflet retentit ! Un gars qui bosse pour la commune m’explique que ses collègues sont plus haut en train d’élaguer les arbres. Les branches qui tombent dans le cours d’eau rendent dangereuse l’avancée dans les gorges. Interdiction de passer pour le moment. Grrrrrr ! Frustré et énervé d’être venu ici de bonne heure pour rien, je lui fais remarquer qu’ils auraient pu intervenir avant l’accès des visiteurs ! « Mais monsieur, ils travaillent depuis 5h00 du matin et n’ont pas encore terminé. Il faut patienter un petit quart d’heure. »…

5h00 du matin ?… C'est ça oui, appelle moi « mortadelle » aussi pendant que tu y es ! Je connais un peu la Sicile et j'ai un sérieux doute là… Mais je garde ça pour moi… Car il est déjà en train de se faire sermonner par un gars qui, comme moi, fulmine d’être arrivé si tôt. La conversation animée se termine par un « j’y vais quand même », un « pas question, je vous en empêcherai, je suis là pour assurer votre sécurité » et… Le gars qui s’y enfonce malgré tout ! L’agent communal lui crie sans bouger « Monsieur, mais c'est vraiment dangereux ! »… On entend au loin sa réponse, « ‘Afanculo* ! »…

45 minutes plus tard, après plusieurs autres engueulades, le fonctionnaire nous donne le feu vert pour entrer. Et j’y vais ! Avançant joyeusement mais difficilement notamment à cause du courant, j'ai hâte d’arriver à… Mais qu’est-ce que c'est que ce panneau ?… En plein milieu des flots !

Et au cas où le triangle décoré d’un point d’exclamation ne soit pas suffisamment éloquent, deux pancartes « ALT » apposées à sa base viennent éclaircir les plus ignorants. Je ne suis pas inquiet… Souris… Pose mon cadre…

Et quand ces deux jeunes entrent dans mon viseur, je me dis que j’ai vécu assez de bizarreries et autres contradictions pour aujourd’hui… Et que je vais peut-être m’arrêter là… Mais avant… Je shoote !

 

* : abréviation d’une expression populaire italienne signifiant approximativement « Peu me chaut, manant ! »



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La suite aux prochains numéros

La suite aux prochains numéros

 

Catane. Juillet 2017.

Sicile… Il doit avoisiner les 45 degrés à l’ombre. Et de l’ombre, il n’y en a pas beaucoup… Mise à part les touristes, personne ne se risque à traîner sur les pavés brulants à cette heure de la journée…

À moins que ce ne soit tout simplement parce que le temps s’est arrêté… Comme pour aider l’enfant que je suis redevenu depuis que je me suis garé non loin d’ici à mieux plonger dans ses souvenirs… Ou pour suspendre l’arrivée de ce moment tant attendu…

Je suis via Luigi Capuana, la rue où habitait feu la « nonna », ma grand-mère paternelle décédée il y a plus de 10 ans. J'ai le coeur serré, comme chaque fois que je viens ici… La tête pleine de ces moments de vie inoubliables pour un gamin et pourtant si insignifiants à qui les entendrait… Les odeurs pestilentielles de la ville m’enivrent de doux parfums, la chaleur accablante rafraîchit mon visage de ses douces caresses, la lumière aveuglante du soleil au zenith m’ouvre les yeux sur ce chapitre incontournable de mon enfance… 

Et de paradoxe en paradoxe, j’ai hâte de me trouver face au deux pièces de plain pied donnant directement sur le trottoir mais je fais tout pour retarder cet instant ! Je prends mon temps : une photo de ces détritus posés contre le mur par ici, une autre de ce balcon désespérément vide par là… Malgré ce stratagème improvisé visant à me ralentir, j’y suis presque… L’émotion est à son comble. Que vais-je trouver mise à part une porte close ? Quelle rencontre fortuite née de l’imaginaire d’un gamin ressuscité vais-je faire ? Je me rassure en me disant qu’il n’y a pas âme qui vive à cette heure de la journée, je dois avancer…

Devant le 87, l’ouverture sur la pièce à vivre me sert de prétexte pour me stopper dans mon élan. Et si je faisais un dernier cliché avant d’aller plus loin ? Je compose mon image avec cette façade qui ressemble étrangement à celle du 91b vers laquelle je me dirige. Une répétition ?… Personne… Et, bizarrement, ça me rassure ! Mais soudain, j’entends du bruit… Ça bouge à l’intérieur… Une silhouette immaculée de blanc apparait… Reste en retrait… Je ne vois pas son visage… Un fantôme je pense… Un fantôme qui veut rester dans l’ombre  me soufflant ainsi que ce n’est pas avec lui que j’ai pris rendez-vous… Et il a raison. Je prends mon courage à deux mains pour pouvoir terminer mon voyage et sachant que la suite m’attend aux prochains numéros, je shoote !



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Pin-up #2 : mais quel est le sien ?

Pin-up #2 : mais quel est le sien ?

 

Venise. Août 2016.

Une journée chaude et ensoleillée, la beauté des venelles de la Sérénissime, un dîner arrosé de spritz en compagnie de la femme que j’aime et d’une amie près du Rialto et maintenant la douceur de la nuit. Que peut-il m’arriver de mieux pendant que je retourne vers l’hôtel ?…

… Elle ! Toute de blanc vêtue, une pin-up surgit de la pénombre à quelques pas devant moi ! Wouhaou ! Un don tombé du ciel étoilé…

Je ne suis pas de nature ENVIEuse… Mais je dois bien reconnaître qu’il ne me déplairait pas d’être à la place du gars qui l’accompagne. Pas pour la prendre par la taille, contrairement à ce que pourrait penser les mauvaise langues, mais juste pour avoir un meilleur point de vue… Pour faire la photo ! Car là, elle est trop loin. Je décide de la suivre pour m’approcher.

Tous les hommes qui la croisent ne peuvent s’empêcher de poser leurs yeux dans les siens. Avec, souvent, un sourire évocateur… Pour finalement se retourner sur son joli derrière avec délectation, avec ostentation ! Son mec n’éprouve aucune COLERE de cette situation. Il s’en amuse, échangeant des regards entendus avec ses congénères mâles. L’habitude ?

Quand je vois son visage triomphant qui semble dire « elle est avec moi et c'est bien normal les gars ! », je dirais plutôt... de l’ORGUEIL !

Ils font une pause devant une vitrine éclairée et je suis donc un peu plus près pour mieux les observer et enfin la voir se retourner…

Minchia ! Elle est… Presque nue, non ?! Si l’orgueil de son petit ami est effectivement son pêché, le mien pourrait bien être la LUXURE… Sa tenue quelque peu transparente laisse apparaitre les courbes de son corps. Le tissu léger semble glisser sur sa peau à chaque mouvement, véritable invitation aux caresses. Et ce n’est plus un décolleté ! C'est un chemin vers le désir passant entre ses deux petits seins qu’elle a négligemment oublier de couvrir de dentelle !

Mais bizarrement, ce n’est pas réellement ma préoccupation : ils repartent et je n’ai toujours pas réussi à faire une image… Je ne sais pas où ils vont mais il va falloir que je fasse vite, le temps presse. Nous arrivons près de la place Saint-Marc. Parfait, c’est tout près de mon hôtel. Et je pense qu’ils arrivent eux aussi à destination : ils vont certainement jouer les romantiques à la terrasse du café animé par ces musiciens guindés. Cet endroit où la moindre boisson, même sans alcool, coûte une petite fortune. Je souris, l’AVARICE n’est pas de la partie !

Mais ils s’arrêtent avant la piazza pour entrer dans une échoppe qui ne paye pas de mine. Me serais-je trompé ? Peu importe, j’attends qu’ils sortent et si je n’arrive pas à mes fins, j’abandonne… La voilà ! Le visage heureux d’avoir marché tout ce temps pour… Manger une glace ! Excellent ! Des 7 pêchés capitaux, la GOURMANDISE est donc le sien ! Le meilleur de tous ! Je cadre à la volée, sans faire l’effort d’un semblant de mise au point car le mien, c'est la PARESSE ! Je shoote !



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Trevi (te) !

Trevi(te) !

 

Rome. Août 2016.

C'est la troisième ou quatrième fois que je passe dans ce rione de la Ville Eternelle depuis le début de mon séjour pour… Prendre une photo de la Fontaine de Trevi ! Un vrai touriste !

Pas au point de jeter une pièce dans les eaux turquoises du monument en contribuant aux 2000€ qui couvrent chaque jour le fond du bassin… Mais suffisamment pour apprécier le style baroque et le gigantisme de l’édifice qui contrastent avec les ruelles étroites du quartier où il se situe.

Je reconnais aussi que mon esprit détourné apprécie le paradoxe de voir autant d’amoureux enlacés autour d’un site qui tire son nom, selon l’une des légendes, d’une jeune fille qui a sauvé sa virginité en indiquant aux soldats romains le lieu où je me trouve. Et quand je vois les caresses sans équivoque échangées par tous ces couples à l’approche de la fontaine, je souris à l’idée que les vierges ne courent plus les rues par ici !

En revanche, les badauds et autres promeneurs sont nombreux. Très nombreux… Trop nombreux ! Et pour faire une photo, ce n’est pas l’idéal… Je préfèrerais qu’il n’y ait personne… Ou à la limite, juste Anita Ekberg mouillant sa robe au pied de la cascade mais, même en pleine nuit, même dans mes rêves, ça n’arrive pas. Je fais donc quelques images planplan pour le souvenir et, ne supportant plus la foule qui m'étouffe, je m’éloigne de la cohue pour respirer.

C'est juste en face de Neptune tiré par son char marin que je croise ces deux tourtereaux. Bras dessus, bras dessous… Immobiles… Perdus dans un espace temps qui n’est pas le nôtre… Seuls au monde… Enfin, si je puis dire ! Au moment de mettre l’oeil dans le viseur, un groupe d’ados passe. Puis c’est le tour d’une famille avec ses deux petits qui courent partout. Puis de deux mamies une glace à la main… Pendant que l’univers tout entier traverse mon champs de vision, je peaufine mon cadrage… Ça me plait bien toute cette tendresse avec en toile de fond le reflet de la fontaine dans la vitrine derrière... C'est moins spectaculaire mais plutôt original comme point de vue. Et ma bonne étoile qui revient… Pendant une fraction de seconde, plus personne ne vient. Une fraction de seconde d’intimité. Une fraction de seconde durant laquelle l’eau claire ne coule que pour eux. Juste une fraction de seconde… Alors, Trevi(te), je shoote ! 



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Lucy

Lucy

 

Paris. Mai 2017.

Je suis au Carrousel du Louvre en avance à un rendez-vous. Très en avance… Mais ce n'est pas grave, je vais pouvoir me consacrer à l'une de mes activités préférées : observer les gens qui s'agitent autour de moi.

Et il y a de quoi faire ici ! La queue pour le musée parait sans fin et les badauds qui n'attendent pas pour entrer voir les tableaux, œuvres d'art et antiquités venues d'Egypte ou d'ailleurs grouillent de partout…

En parlant de l'Egypte, je reste fasciné par cette pyramide de verre retournée. J'y vois le symbole de la féminité dominant de toute sa majestuosité son homologue masculin, posé à même le sol et ridiculement petit en comparaison… Utopique quand on voit les nombreux débats sur l'inégalité homme-femme ! Je me demande d'ailleurs si ça a toujours été le cas…

Bon, pas de dérive pseudo métaphysique, je suis juste là pour attendre et observer ! Il y a 5 millions d'années, nos ancêtres ne se posaient pas de questions à la con. Cueillette et chasse devaient être leurs seules préoccupations avec, évidemment, celles ne pas mourir de froid, ni être dévorés par je ne sais quelle bête féroce. Quelle galère de ne pas avoir le cinéma, l'avion, le whisky et le smartphone pour faire semblant d'être, des heures durant, connectés les uns aux autres ! Galère ou véritable bonheur ? Finalement, à trop vouloir, nous n'avons plus rien. Soucieux d'améliorer notre environnement, nous avons détruit la nature. Oeuvrant pour son bien, l'Homme a créé le Mal… Mais, je m'égare.

En attendant réponse à mes questions, je m'assieds à même le sol à côté de l'enseigne à la grosse pomme. Malgré l'hommage à Alan TURING, ce fruit m'évoque toujours le même paradoxe : Apple, moteur des nouvelles technologies et de l'innovation représenté par l'une des plus simples et primitives choses que l'on peut faire au plus jeune âge, croquer dans un fruit ! Etrange non ? Je souris et m'interroge à l'idée qu'il s'agit, dans la culture judéo chrétienne, du fruit défendu. Et…

Tiens tiens… Ce jeune asiatique qui s'approche au loin me parait être un bon sujet pour une photo. Il traverse la foule sans quitter son téléphone des yeux. Clic ! Evitant les gens sur son chemin. Clac ! Sans avoir besoin de lever la tête. Peut-être peut-on y trouver une explication dans la théorie de l'évolution de Darwin : l'Homme aurait-il développé un 7ème sens pour faire face à son nouvel environnement ?

Il se colle dos au mur à côté de moi… Tout doucement, il s'accroupit, se recroqueville même. Ce faisant, il me fait penser à la plus célèbre des australopithèques… C'est drôle je trouve. Je vois un gars, probablement plongé dans les réseaux sociaux en train d'écrire à ses 2500 amis fictifs dans une position animale et primitive. Je vois Lucy avec un iPhone ! Et comme n'importe quel primate du 21ème siècle l'aurait fait, je shoote !



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La "Quoquine" !

La « Quoquine » !

 

Rome. Août 2017.

Quelle journée harassante ! Mais remplie que de bonheur ! Le soleil est au rendez-vous, la chaleur aussi. Le farniente, ces errances qui te mènent d’églises en vieilles pierres, de spritz en grignotage gastronomique à l’italienne à toute heure de la journée, de découvertes en rencontres improbables… Et j’en passe ! Qu’est ce que ça fait du bien de ne penser un peu qu’à soi !

Et à ce propos, je vais faire un autoportrait ! Je suis devant le magasin d’une célèbre marque de vêtements. Une de ces enseignes au succès que l’idéaliste que je suis trouve quelque peu paradoxal : son patron déclaré en 1945 « opportuniste du Troisième Reich » n’a pas empêché de voir grimper le chiffre d’affaire de son entreprise ces dernières décennies.

Je décide moi aussi de mettre un mouchoir sur le passé et m’apprête à faire un selfie en me servant de la façade dans laquelle je vois ce qui reste de moi après 45 ans passés sur Terre. L’objectif n’est pas de faire une image qui me ressemble mais plutôt une qui me mette en valeur… Et, ce n’est pas gagné car mon semblant de succès auprès de la gente féminine n’est plus ce qu’il était. Je vais quand même essayer de mettre toutes les chances de mon côté !

Pour commencer, je pose un cadre qui va influencer mes fans potentielles qui « s’extasieront » devant la photo : je vais couper le logo de manière à  ce que l’on ne voit que… « BO » ! Héhéhéhé ! Quel malin je suis ! Ensuite… Ben ensuite, je ne peux rien faire de plus je crois… Tant pis !

A mon âge avancé, il faut savoir se contenter de peu : la lumière quasi inexistante (elle me va bien, restons un homme de l’ombre), les quelques lignes directrices que j’aperçois dans mon viseur (elle donneront un peu de dynamisme à mon image), la barbe, la pipe et…

Tiens donc ! Je vois cette jolie femme dans la fenêtre qui m’observe faisant fi du temps qui passe sur moi… Hôôôô ! La « Quoquine » ! Ce n’est pas vraiment moi qu’elle regarde, je suis flatté… Elle n’a d’yeux que pour mon… Q ! Je shoote !



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Lutins

Lutins.

 

Senlis. Avril 2017.

Toujours aussi jolie cette petite ville médiévale de Senlis ! Et en plus le soleil a bien voulu montrer le bout de son nez, ce qui n'enlève rien au charme de ma balade dans le centre historique. Dommage qu'il fasse un peu froid. Fort heureusement, j'ai un chèche autour du cou qui me protège quelque peu de la petite brise qui accompagne mon errance et dont le flottement des pans au gré du vent m’apaise.

Et de l'apaisement, je vais bientôt en avoir besoin si ça continue comme ça ! Il n'y a rien d'intéressant dans mon boitier depuis mon départ… RIEN ! 

J'ai passé de longues minutes à attendre qu'il arrive un truc un peu fun dans les différents cadres que j'ai pu poser et construire minutieusement ce matin mais à chaque fois… RIEN ! Pas âme qui vive ou presque ! Il y a bien eu quelques quidam qui ont daigné passer devant l'objectif mais c'était franchement sans intérêt.

Il faut savoir lâcher prise de temps à autre et profiter simplement du moment présent. Et c'est ce que je décide de faire. Après tout, je suis aussi là pour… Tiens donc… Intéressant ce qui se passe un peu plus loin dans la rue…

Quelques personnes discutent à quelques mètres de deux gosses qui complotent ou plutôt, qui préparent une ânerie… Ils font attention à ne pas se faire prendre mais personne ne prête réellement attention à eux. Invisibles et pourtant, ils commettent leur larcin aux yeux de tous ! Propres sur eux, bien habillés, tu donnerais au petit blond et son copain le bon Dieu sans confession. Insoupçonnables ! Ça me rappelle les méthodes d'un célèbre cambrioleur insaisissable...

Mais ces deux là, je vais les prendre la main dans le sac. Enfin, je vais me contenter de leur soutirer… Leur image ! Je crois que le brun essaie de forcer la porte pendant que le blondinet fait le guet. Ça ne va pas être facile de poser un cadre… Je m’approche… L’air de rien… Je dois être à 15 mètres. Je m’efforce de ne pas montrer que je regarde dans leur direction, je ne veux pas être repéré. J’ai l’appareil le long du corps, le doigt sur le déclencheur, prêt à tirer... leur portrait !

10 mètres… Et ils ne savent toujours pas que je suis dans les parages. 5 mètres. Mon coeur bat plus fort… Je lève doucement le bras pour approcher mon oeil du viseur… 3 mètres, il est temps d’agir, et vite ! Un petit coup de vent fait virevolter mon foulard qui passe alors devant l’objectif. Mais peu importe, j'ai décidé de faire la photo à la volée, si j’ose dire… Et rien ne m’arrêtera. Blondin m’a entendu mais c’est trop tard, je vais enfin lever le voile sur la vérité et démasquer ces Arsène, heuuu… Lutins ! Je shoote !



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Pas à côté, pas n’importe où...

Pas à côté, pas n’importe où...

 

Rome Août 2016.

Je fais la queue dans la capitale italienne. Pas n’importe où mais à l’un des points précis où tous les touristes comme moi se rendent : le Colisée !

Je ne sais pas si nous sommes loin du tropique du Capricorne ou du Cancer, mais la chaleur ici est accablante malgré les quelques nuages qui atténuent quelque peu la chape de plomb qui nous écrase.

Et en parlant de nuages, ici les parapluies pullulent pour servir de … parasols ! Je trouve ça amusant dans la mesure où nous ne sommes pas du tout au bord de la mer ! 

Mais ce n’est pas le côté rigolo de ces ombrelles de fortune qui m’obsède, mais l’une des femmes qui en tient une. 

Elle est plutôt jolie… Non, je ne suis qu’un menteur, elle est superbe. Pas un de ces critères de beauté du courant esthétique actuel où la perfection physique frise le ridicule mais plutôt le genre de nana qui devient sensuelle dès lors qu’elle se déplace, dès lors qu’elle ouvre la bouche, dès lors qu’elle te regarde… C'est sûrement un rêve érotique que je me fais les yeux ouverts mais je suis encore suffisamment lucide pour décider de prendre la photo !

Première image… À jeter ! La deuxième… Pareil… Il y a trop de monde autour d’elle, grrrrr ! Comment faire ?… J’ai bien envie de laisser tomber pour juste profiter de l’attente…

… quand le moment magique tant attendu arrive : un rayon perce soudainement les nuages et j’ai l’impression qu’il n’a d’yeux que pour elle ! Elle tend le bras bien haut pour se protéger de ce regard pénétrant axé sur elle. Nous savons tous les deux que, miraculeusement, elle se trouve sous le soleil exactement, pas à côté, pas n’importe où… Serge n’était pas dingue. Moi non plus… Je shoote !



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Et le sien !

Et le sien !

 

Venise. Août 2016.

Ha ! Les ruelles de la Sérénissime, que du bonheur ! Je ne m'en lasse pas. Les rayons du soleil finissent toujours par s'y inviter. Ils posent délicatement, çà et là, une main sur les pavés et, de l'autre, viennent caresser les murs pour en faire ressortir la pierre devenue rugueuse après le passage du temps. Contrastes de lumière et de matières toujours sublimes à mes yeux.

 

Et cette venelle n'échappe pas à la règle. Je m'y arrête et pose mon cadre mais… Rien… Il ne se passe rien… Je me dis qu'avec cette porte ouverte, il va forcément arriver quelque chose… Patience…

 

Mais non, toujours rien ! Grrrrr ! Ok, je m'en vais. Il faut parfois accepter de passer son chemin en ne gardant égoïstement que le souvenir pour soi ! Et puis je ne vais pas faire le pied de grue ici toute la journée …

 

Hopopop ! Ça bouge au fond... Et j'entends du bruit maintenant. Un gars avec une chaise à la main surgit derrière le mur, traverse la ruelle pour entrer là où la porte est ouverte… Et je n'ai même pas appuyé sur le déclencheur ! Décidemment, je vais finir par me gâcher le plaisir. Allez, demi-t…

 

Le revoilà avec sa chaise et… Bordel de "#!!*L%?##~" !!! Fait chier ! Il a disparu et je me suis encore raté ! Ça m'agace ! Je vais aller à sa rencontre et je vais faire un portrait en gros plan sans rien lui demander à celui là parce que, là, … Wouhaou, du calme… La chance finit par me sourire… Je comprends qu'il vient de poser son derrière. Il croise alors les jambes laissant dépasser…

 

Trêve de discussion, pas de temps à perdre ! Je pose de nouveau mon cadre et tout y est. La lumière, la matière, les contrastes et le petit quelque chose que j'attendais. Cette fois, je prends vraiment mon pied… Et le sien ! Je shoote !



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Le manque

Le manque

 

Paris. Mai 2017.

Après une balade ensoleillée au cœur de Paname, je prends le bus 68 pour rentrer. Deux personnes âgées entrent à "Pont Royal". Monsieur se fait guider par Madame pour oblitérer son ticket car, visiblement, il ne sait plus trop comment faire… 

Il la remercie d'un sourire chaleureux et se dirigent vers les sièges. Elle l'aide également à s'asseoir sans mot dire. Et c'est sans rechigner qu'il accepte ce coup de main salvateur.

Je les observe sans pouvoir m'en détacher. Je les trouve beaux, ces deux vieux… Eux et l'amour qui émane de leurs regards qui se confondent et des sourires qu'ils n'ont de cesse de s'offrir sans raison. La tentation est trop forte, je vais faire quelques photos… Pudiquement, pour ne pas briser ce moment d'intimité…

Soudain, il prend l'air inquiet… Ils échangent quelques paroles que je ne comprends pas et, assise face à lui, elle pose ses mains sur les siennes. L'effet est immédiat, son visage retrouve l'apaisement…

"La foule le stresse et il a peur de ne pas être dans la bonne direction ! Je vais aller les aider, je suis bilingue espagnol !". Ma voisine s'adresse à moi, toute fière de pouvoir intervenir. Je fronce les sourcils, agacé qu'elle vienne gâcher mes rêveries ! Grrrrr !

Elle discute avec la vieille dame qui, après l'avoir remerciée, couvre à nouveau de ses mains celles de son amoureux. Et il a l'air tellement heureux de retrouver sa peau sur la sienne ! Je suis un bad boy, okay, mais je dois bien reconnaitre que ça m'émeut quelque peu !

"C'est bien ça, ils vont à Porte d'Orléans mais n'étaient pas sûr d'être dans le bon sens. Je les ai rassurés." Mais c'est qu'elle commence à me gonfler celle-là… Je ne réponds toujours pas et continue à déclencher sans conviction… Difficile de montrer les subtilités de l'amour sur une image… Tant pis, je garderai ça pour moi, quelque part dans mes souvenirs…

Et c'est reparti : "Je descends à la prochaine, je vais les prévenir et leur dire qu'il leur reste 7 arrêts avant Porte d'Orléans." Elle va encore tout foutre en l'air ! 

Elle retourne discuter avec l'espagnole qui, cette fois, se lève pour mieux entendre … En laissant son vieux bonhomme sans repère ! Fait chier ! Hummmmm. peut-être pas tant que ça à vrai dire… Il ne la quitte pas des yeux, presque apeuré alors qu’elle s’est à peine s'éloigner… Et ses mains se retrouvent soudainement seules, soudainement vides… Vides du sens qu'il a choisi de donner à sa vie. Machinalement, la gauche exprime son désarroi en se crispant sur son couvre-chef… C'est encore plus émouvant… Voilà alors l'occasion d'exprimer ce que peut être l'amour en photographiant… Le manque qu'il peut générer… Je shoote !


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Pin-up #1 : la naissance de Vénus

Pin-up #1 : la naissance de Vénus

 

Rome. Août 2016.

C'est lors d’une balade nocturne dans la Ville Eternelle qu’elle m’est apparue…

Je fais une pause durant l’errance vespérale que je pratique tous les jours depuis mon arrivée ici. Pourquoi m’arrêter là ? Pour reposer mes jambes ? Je ne suis pas fatigué. Pour profiter de ce doux vent d’été qui rafraichit ma tête ? Je ne crois pas. Le hasard ? Ha ça, non ! Je sais en la voyant émerger de l’asphalte plus haut dans la rue que ma présence à cet endroit n’est pas fortuite.

Je crois de prime abord qu’elle intégrera ma série d’images que j’ai appelé « Les filles en blanc ». C'est vrai… Mais pas que… Même si je suis encore trop loin pour pouvoir l’admirer distinctement, je sais qu’elle fera partie d’un autre projet qui n’a pas encore vu le jour si ce n’est au fin fond de mon esprit déplacé.

Elle est belle… Et elle le sait.

Elle ne marche pas… Elle danse sur le bitume.

Elle rythme les battements du coeur des hommes qui la regardent… Qui la scrutent… Qui la déshabillent…

Et c'est si facile de le faire… Ses épaules sont nues… Et chaque pas laisse entrevoir un peu plus, le temps d’un clignement de cil seulement, le haut de ses cuisses déjà suggéré par sa petite robe immaculée.

En toute honnêteté, je n’ai aucune envie d’échanger trois mots avec elle. Je me moque de savoir si elle est proposée comme candidate par l'Académie royale des sciences de Suède au Prix Nobel de Physique ou si elle est la plus stupide des nanas de la région… Je veux juste la voir bouger pour mieux deviner ses formes. J’entends déjà les plus féministes crier au scandale en pointant du doigt le salop de macho qu’il voit en moi. « Encore un de ces mecs qui prend les femmes pour des objets ! » … Mais je m’en fous… Car je sais que les objets… ce sont les hommes dont elle peut disposer à sa guise.

Quand elle s’approche, sa grâce et le balancement de ses hanches lui donnant cette posture en contrapposto si sensuelle me font revivre le tableau de Botticelli. Je comprends alors que le souffle tiède qui accompagne cette belle soirée n’est autre que Zephyr. Je comprends aussi que j’assiste, pour de vrai cette fois, à la naissance de Vénus… Mais aussi à la première photo de ma série sur les pin-up ! Je shoote !



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Un vélo dans la tête

Un vélo dans la tête

 

New-York. Avril 2015.

Le jour n’est plus. Mon errance photographique se poursuit dans la nuit. Il ne reste du dernier épisode pluvieux que quelques flaques d’eau et, pour mon plus grand bonheur, des contrastes magnifiés par les artifices lumineux de Time Square.

Je décide de poser mon cadre en face du magasin Sunglass Hut. Pourquoi là ? Bizarrement parce qu’il y a cette superbe fille sur l’enseigne qui m’amuse. Je suis en train de me dire qu’elle sourit bêtement car, avec ses lunettes noires, elle ne doit pas y voir grand chose sans soleil ! Mais ce petit délire qui ne fait rire que moi ne suffit évidemment pas pour faire une photo… Alors j’attends. Et je sais qu’il va se passer quelque chose car ici, il se passe toujours quelque chose !

Une longue file de taxis se pointe devant l’objectif. Mouais… Je pense qu’il y a mieux à faire… Quelques minutes plus tard, ce sont deux flics à cheval qui s’approchent. Tiens, je n’en avais pas encore vu la nuit. Mais le jour oui ! Je ne déclenche même pas. Patience…

...Un quart d’heure et toujours rien d’intéressant. Grrrrrrrr ! Je ne vais pas non plus rester là indéfiniment à… Tiens donc ! Et bien voilà le genre de truc inattendu qui pourrait bien assouvir mes caprices ! Je vois au loin un petit bonhomme qui se faufile entre les voitures en… Patinette ! Cooooool ! Ça me plait !

Le temps qu’il arrive à moi, je crie à la nana aux lunettes d’ouvrir un peu les yeux pour apprécier le cocasse de la scène (je crie mentalement hein, je ne suis pas dingue…).

Et je pense qu’elle m’a entendu car je vois bien qu’elle le cherche… A droite… A gauche… Mais elle n’arrive pas à le repérer. Et c'est normal, elle a gardé ses lunettes ! Et pourtant, il est bien là, je n’ai pas un petit vélo dans la  tête… Mais juste une trottinette sous les yeux ! Je shoote !


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CarCam est un artiste représenté par la

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